Les Khernaës

Généralités

L'origine du peuple des Khernaës se perd dans la nuit des temps. Ils ont toujours vécu sur les territoires de la pointe ouest du continent, au-delà de la chaîne des monts du Menezlatar. Longtemps isolés pour des raisons géographiques, les Khernaës ont développé une société tribale, organisée en regroupement de villages. Leur architecture utilise principalement le bois même si certains de leurs grands édifices sont en pierres, tels certaines forteresses ou certains palais. Les toits sont de chaumes ou en ardoise, quelquefois en pierre plate dans les zones les plus ventées. La pointe ouest bénéficie d'un climat océanique plus clément, bloqué par les monts Menezlatar, qui a permis aux Khernaës de vivre de façon relativement dénudée. Ils utilisent des peintures rituelles, des vêtements en laine et en cuir. Ils sont perçus comme des sauvages par les civilisations extérieures. Les Khernaës ont occupé un territoire beaucoup plus vaste par le passé, mais des évènements anciens les ont repoussés jusque derrière le Menezlatar. Ils se répartissent désormais en deux groupes principaux les Bena'chs et les Mor'vrons (ceux de la terre et ceux de la mer).

Morphologie

Les Khernaës vivent très proches de la nature, au contact des forêts, de l'agriculture. Ils sont de bonnes statures, mais moins grands que les Melgs de l'Est. En moyenne les hommes mesurent entre 1m70 et 1m90 alors que les femmes peuvent mesurer jusqu'à 1m80. Les Khernaës ne sont pas corpulents, la nourriture n'étant pas abondante et le respect de la nature favorisant à préserver les ressources, les personnes en surpoids ne sont pas bien vus. Les Khernaës ont principalement les yeux bleu (40 % de la population) ou noisette (40 %), noir (15 %) et gris clair (5 %).
En ce qui concerne la chevelure, ils sont majoritairement châtains clairs (30 %), châtains foncés (25 %), blonds (20 %), roux (25 %). Le noir et le blanc représentant le reste de la population (5 %).
À l'âge adulte, les hommes portent la barbe, souvent courte. Les cheveux sont longs. Ils sont souvent tressés. Certaines chevelures sont rasées à blanc pour dessiner des signes sacrés.

Mode de vie

La société khernaëe est organisée en tribus, regroupées en plusieurs villages. Un système d'honneur et de vengeance intergénérationnel entretient des conflits armés entre les tribus et les familles. Le système, très réglementé permet tout de même de contenir de trop larges débordements et astreint les Khernaës à des entraînements martiaux réguliers. Il n'y a jamais eu de grand rassemblement militaire par le passé, mais face à la menace melge, les Khernaës et les Meldètes tentent une coalition. Pourtant, les Khernaës ont un sens aigu du respect de leur terre et de l'amour des contrées dans lesquelles ils vivent depuis toujours. Ainsi, ils se sont organisés en bandes armées, les guetteurs, pour défendre les zones frontalières de leurs royaumes. Ils forment des bandes libres dont se défient les chefs de tribus et les petits seigneurs qui ne souhaitent pas de voir ses bandes autonomes évoluer sur leurs territoires. Pourtant, ils les tolèrent pour éviter d'y engager leurs propres troupes.

Les Khernaës ne vivent pas pour la guerre, mais tout un chacun apprend à se battre. Ils forment des castes d'hommes libres ayant le droit de porter une arme. Le reste du temps, ils le passent à des activités quotidiennes de chasse, de culture ou d'artisanat. Les hommes comme les femmes peuvent apprendre à se battre, mais traditionnellement les femmes restent dans les villages pour protéger les enfants, les vieillards et les biens. Le port de l'épée est cependant réservé à l'homme. Le cheval est réservé au noble en ce qui concerne la guerre (à la différence des voyages).

Les Khernaës utilisent beaucoup l'infanterie et les tirailleurs. Ils sont aptes pour le tir à l'arc qui sert aussi à la chasse. Les guerriers se battent souvent torse nu, sur lesquels ils peignent des signes protecteurs, des omaths.
Il existe plusieurs castes guerrières particulières de par leurs techniques de combat.

Les furies ou fürtanes sont des femmes qui doivent racheter leur honneur dans la mort. Elles se battent souvent avec deux armes, au corps à corps dans une chorégraphie appelée le « cercle de la mort », le Kel'chmar. Les furies sont bannies, mais respectées et craintes par le reste de la société Khernaëe.

Le Danseur funeste ou semeur de morts est un guerrier solitaire qui est quelquefois accompagné d'un disciple. Maître dans l'art du combat à l'épée, si chère au guerrier khernaë, il base ses techniques de combat sur les esquives et la riposte, tout en prenant des postures d'animaux. Le Danseur funeste est craint en tant que duelliste, réputé pour sa capacité à affronter plusieurs adversaires simultanément. Le Danseur funeste est un voyageur qui se met au service d'une cause ou d'une personne pour un temps que lui seul définit. Il vit selon son code d'honneur et chacun de ses choix est une quête.

Dans tous les groupes de guerriers, les peintures de guerre sont extrêmement importantes, car elles permettent de se reconnaître et d'invoquer la protection des esprits. Les Khernaës utilisent des pigments bleus pour les peintures corporelles. Le tatouage n'est que rarement employé et le caractère définitif de l'inscription prouve l'engagement de la personne dans son choix.

En dehors des périodes de guerre, les Khernaës mènent une vie paisible au rythme de la nature et des fêtes religieuses. Les décisions sont prises dans le village par le Storheld : le groupe. Ce groupe est constitué de personnes éminentes de la communauté : chef de clan, ancien, druide, etc. Le druide ou bhegelm fait des divinations, vénère les esprits et consulte les auspices. Il sert aussi de mémoire collective et transmet par oral les traditions. Le rôle de bhegelm est strictement réservé aux hommes. Pourtant, certaines femmes revendiquent de pouvoir parler au monde des esprits, de guérir. Elles sont tolérées, mais n'ont aucun rôle social officiel. Elles sont appelées les sorcières ou Sorserez. Certains hommes pratiquent la divination et certaines traditions magiques sans pour autant appliquer les rituels druidiques. Comme les femmes, ils sont tolérés dans cette société, mais n'ont aucun rôle public. Ils sont appelés les sorciers ou Sorser. Ils sont quelques fois appréciés de certains seigneurs qui font appel à eux pour la divination et les conseils. Le chef de la communauté est appelé le Mestr et il est respecté. Les guerriers les plus forts sont chargés de sa défense personnelle. Ils sont appelés les Jargls. Ils sont entretenus aux frais de la communauté. Le Mestr a souvent un char tiré par un nombre de chevaux qui dépend de sa richesse.

Un autre acteur est très important dans la société khernaëe. Il s'agit du barde ou bhaner. Il peut être homme ou femme. Le Bhaner est libre d'aller où il veut et il est grave de lever la main sur lui. Il colporte les informations, les histoires, ainsi que les Leznen, loi ou commandement oral, édicté par les druides. Le Bhaner sait chanter et souvent jouer d'un instrument. Il est quelquefois poète. Son rôle est de divertir et d'informer, de conseiller.

Le mode de vie khernaë est patriarcal ou matriarcal au gré des mariages. Le chef de famille est le plus riche des deux. Il en va de même pour les successions. Ainsi, les femmes sont traitées à égalité de l'homme. Elles peuvent participer à la défense du groupe, prendre la parole et demander réparation. Elles peuvent devenir Mestr et siéger au Storheld. Dans ce cas, ses Jargles sont des femmes guerrières. Le foyer Khernaë est monogame, mais hommes ou femmes peuvent avoir des maîtresses ou des amants à la seule condition d'en assumer les éventuelles progénitures.

Il existe une caste noble dirigeante, mais qui est principalement guerrière et qui vit des rentes. Ils viennent de l'époque où les Khernaës avaient des rois, les Rek. Ces Rek ont une origine mythologique. Ces familles ont lentement disparu laissant la place aux Mestr des villages.

Les Khernaës ne connaissent qu'une seule rigidité sociale, mais de taille, le système d'honneur : l'Emwürd. Ce code permet de se faire réparation. Si cela est impossible, il peut demander au Storheld une compensation.

Code d'honneur

La société khernaëe est régie par un code d'honneur qui est sensé faire rendre justice, éviter un système de vengeance aveugle, réguler les conflits. Pourtant, ce système principalement oral laisse une grande place à l'interprétation. Ainsi, certaines familles sont en conflits depuis des générations en ayant oublié l'origine exacte du différend. Évidemment, le vol et le meurtre (ainsi que toute atteinte aux personnes) sont réprimés et peuvent déclencher un Dialwen, guerre privée vengeresse. Le Dialwen peut se cantonner à la personne offensée, ou bien au groupe entier. Les Dialwen doivent être connus de tous pour que la réparation puisse avoir lieu. Ainsi, les bardes colportent ces Dialwen ainsi que les évènements qui les clôturent.
Certains évènements ne peuvent être réparés par le Dialwen, mais l'Emwürd prévoit certaines solutions. Il en est ainsi des Khernaës qui perdent leur honneur sans en être les auteurs volontaires. L'exemple le plus courant est le cas du viol. La victime du viol est rejetée par le groupe, marquée au fer rouge et bannie. Sa descendance directe est marquée du même sceau de l'infamie. Nombreuses sont les femmes (ou les hommes) qui s'exilent volontairement. Certaines deviennent des Fürtanes et rachètent cet honneur en mourant au combat. Les Fürtanes sont redoutées bien que rejetées. Cette sanction de bannissement est l'Harlün.

Armes, armures, vêtements et autres tenues.

Les Khernaës sont des guerriers, mais non des conquérants. Ils n'ont donc rien développé pour faire la guerre ou prendre des forteresses avec du matériel de siège.

Les Khernaës utilisent des arcs, petits, grands, à simple et double courbure. Ils utilisent aussi des javelots et sont bons lanceurs de poignards le Stihl’n et de Kech't, hachettes de lancer. Pour le corps à corps, l'arme principale est la hache : la Skolpe et le long glaive Khernaë : le Kläz. Le Kläz est réservé aux hommes. Le guerrier Khernaë combat souvent peu vêtu, mais s'équipe volontiers d'un bouclier. Il y en a de petits ronds ou de plus grands ovales. Les armures sont principalement des vêtements de cuir. Les Khernaës combattent souvent sans armure, car ils considèrent que les Omaths qui les protègent doivent être visibles pour être efficaces. Plus un guerrier est expérimenté, moins il porte d'armures. Pour ceux qui portent des protections, en plus du cuir peuvent venir se greffer des épaulières en cuivre et des cuirasses, ou des renforcements en plaque d'étain. Les Khernaës maîtrisent mal les techniques de fabrication des armures et ignorent comment est constituée une armure d'écailles par exemple.

En règle générale, les Khernaës ne portent que des vêtements pratiques et peu décoratifs en laine et en cuir. Les hommes portent des pantalons et des tuniques. Les femmes portent des longues tuniques. Chacun possède au moins une dague à la ceinture. Des vêtements plus raffinés sont utilisés en période de fête. Souvent fabriqués en lin, ils sont plus agréables à porter. Les hommes et les femmes se peignent d'Omaths qui indiquent aux autres leur statut social, mais aussi leur humeur et leur situation maritale. Les hommes tressent leurs cheveux et leur barbe. Les femmes se font de jolies coiffures et montrent leur richesse au travers des bijoux portés, au cou, aux poignets, mais aussi aux chevilles. Les bijoux sont de cuivre et d'étain et pour les plus riches d'argent. Ils sont finement ciselés.

La langue et l'écriture

La langue principale des Khernaës est le Khern, sorte de patois difficilement accessible aux étrangers. Pourtant, nombreux sont les Khernaës qui parlent aussi le Meldète en raison de la proximité des deux ethnies. Les Khernaës ont une tradition orale, mais utilisent l'écriture pour marquer ce qui doit perdurer dans le temps. L'écriture est considérée comme sacrée. Elle est formée de signes : les Omaths. Ces signes sont des cercles concentriques, barrés et accentués. Ils peuvent être gravés dans la pierre, sur les armes ou toute autre surface (certaines maisons ont des Omaths gravés sur les poutres par exemple.) Les Omaths peuvent être peints pour la guerre ou pour les fêtes à même la peau (pour avoir un effet direct sur le porteur). Certains Omaths sont tatoués, mais cette pratique est assez rare.

La religion

Les détenteurs de la religion sont les Bhegelms, les druides. Ils sont solitaires ou organisés en confrérie. Ils vivent à l'écart des villages, mais sont souvent consultés. Les Bhegelms édictent des lois orales, les Leznen qui ne sont valables que localement et pour un temps donné se comptant souvent en lunes.
Les Leznen peuvent être véhiculées par le chant des Bhaners. Les Khernaës vénèrent les esprits des ancêtres, les esprits protecteurs et les esprits vengeurs qui se regroupent tous sous l'appellation de Felspaër. Ils savent qu'ils ne sont pas seuls et que tout endroit est habité par une conscience. Le Khernaë inclut dans son quotidien des temps pour méditer, vénérer et faire des offrandes. Les Khernaës ont un lien très profond avec leur terre. Les mythes fondateurs transmis oralement expliquent que leurs ancêtres sont nés de la pierre.
Les Bhegelms vénèrent aussi les esprits et les créatures sylvestres les Jevkouarn ainsi que les Animaux Roi ou Maîtres des Bêtes, les Rek'nèveleth. Il s'agit de créatures légendaires hors du commun.
Le Bhegelm intervient dans tous les rites importants de la vie, la naissance, la mort, le mariage, le passage à l'âge adulte. Les grandes fêtes des saisons sont « les feux de Balt » pour l'arrivée de l'été, « Les Oraisons de Neveza » pour le printemps, « les Danses d'Amzer » pour l'arrivée de l'automne et « la Longue Nuit de Gohan » pour l'entrée dans l'hiver. Chacune de ces fêtes est communautaire. Les saisons sont des géants légendaires.

Les rites funéraires

Au-delà des mythes fondateurs, les Khernaës sont persuadés de la présence des esprits défunts autour d'eux. Ils savent qu'ils peuvent compter sur eux, mais qu'ils ne doivent pas les décevoir. Ainsi, les Khernaës ne favorisent pas les nécropoles ou les grandes tombes. Les corps sont souvent brûlés pour que les restes s'éparpillent aux quatre vents et fertilisent la terre. Les Khernaës pensent qu'après leur mort, ils pourront rester auprès de ceux qu'ils aiment, ou s'ils le méritent rejoindre Ylohane. La vie après la mort est perçue comme paisible et comme la continuité de la vie. Ainsi, la mort n'est pas redoutée comme une fin, mais comme une longue séparation.
La cérémonie d'incinération doit se dérouler dans la mesure du possible en présence d'un Bhegelm qui chante les oraisons. Un Bhaner est présent pour énoncer les hauts faits et la vie du défunt. La cérémonie d'incinération est le rite du feu sacré ; le Tan'Even. Il arrive que certains qui ne peuvent supporter la séparation du défunt se jettent dans les flammes. Ils devancent leur propre mort et ne sont pas jugés pour cela. Les cendres du défunt sont remises au conjoint ou à la conjointe, à défaut aux enfants et à défaut au bhegelm qui se chargera de les répandre sur un lieu sacré.